Le mois de septembre sera un mois très mouvementé pour le Hub français de TInnGO! Nous organisons en effet plein d’activités avec des acteurs locaux pour collecter les avis des franciliens et des franciliennes et pour promouvoir le développement de services de mobilité toujours plus inclusives.
Vendredi 4 septembre et vendredi 18 septembre nous organisons deux marches exploratoires, respectivement dans le 12e et 20e arrondissement de Paris.
Jeudi 24 septembre et mardi 29 septembre c’est au tour du 11e et 16e arrondissement de Paris. La marche du jeudi 24 sera dédiée à comprendre les expériences des usager.e.s qui se déplacent la nuit! Rendez-vous à 20h au métro Oberkampft. Pour s’inscrire à la marche dans le 11e arrondissement, cliquez ici.
Approfondissant la recherche sur les comportements de mobilité des femmes en Ile-deFrance, le Hub Français TInnGO (piloté par LGI Innovation Durable) a développé une méthodologie qui permettra de mieux appréhender les raisons des choix de mobilité des femmes à Paris. Grâce à un partenariat avec l’association Womenability, LGI Innovation Durable a en effet adapté la méthodologie bien connue des “marches exploratoires” au domaine des transports. Comment modifier la portée d’un outil aussi puissant pour répondre aux besoins d’une recherche sur les comportements de mobilité des femmes ?
Afin de comprendre l’approche du Hub français, mentionnons brièvement les origines de cette méthodologie et ses applications dans l’urbanisme d’aujourd’hui. Expérimentées à l’origine à Toronto et Montréal, au Canada, dans les années 1990, ces marches suivent une logique simple : réunir un groupe de femmes qui vont commenter, critiquer et exprimer leurs sensations par rapport à l’espace public en suivant un itinéraire donné dans la ville (Centre Hubertine Auclert, 2018). Cette méthodologie permet aux associations et communautés locales d’exprimer leurs préoccupations et de partager leurs expériences en matière de marche dans la ville. Comme le démontrent des années et des années de recherche en sociologie urbaine, ethnographie et anthropologie, l’aménagement et l’utilisation de l’espace public ne sont pas neutres. Les dynamiques qu’elles engendrent sont ancrées dans les structures de pouvoir, et plus particulièrement dans les préjugés raciaux, de genre et de classe. D’une part, les marches exploratoires représentent donc une approche participative de la construction de la ville qui permet aux communautés marginalisées de se réapproprier l’espace public et de façonner davantage la manière dont il sera planifié à l’avenir. D’autre part, ces marches permettent aux représentants locaux et aux décideurs politiques de comprendre les implications sociologiques de la planification urbaine et, espérons-le, d’aider à orienter les stratégies locales vers une organisation plus juste et plus inclusive des espaces publics.
La France a connu de multiples expérimentations de cette méthode au fil des ans. Entre 2014 et 2016, l’association France Médiation a coordonné des marches exploratoires dans 12 villes françaises, visant principalement à lutter contre le sentiment d’insécurité des femmes dans les espaces publics. De nombreuses associations ont mené des marches exploratoires dans tout le pays. On peut citer par exemple A Places Egales, Womenability et Genre et Ville. Genre et Ville a développé la méthodologie, passant de “marches exploratoires” à des “marches sensibles”, dans un effort pour se concentrer sur les perceptions des sens, les sensations des participants dans un espace et un temps donnés, en allant au-delà d’une approche fonctionnaliste des espaces publics (Centre Hubertine Auclert, 2018).
Les opérateurs de transport français comme la SNCF et la RATP se sont finalement approprié cette approche afin d’améliorer les infrastructures de transport. Depuis 2015, la SNCF et la RATP organisent des marches exploratoires dans leurs gares afin de recueillir l’avis des femmes usagères et les perceptions de la sécurité et d’améliorer l’aménagement de leurs gares.
Dans une démarche similaire à celle de Genre et Ville et de ses “marches sensibles”, le Hub français de TInnGO a tenté de s’intéresser aux perceptions et sensations des femmes dans leurs choix et expériences de mobilité. Comment se fait-il que 90% des utilisateurs de motos à Paris soient des hommes ? Pourquoi 60% des abonnés de longue date au Vélib’ sont des hommes ? Pourquoi les femmes sont-elles sous-représentées parmi les usagers du covoiturage et des scooters ?
Comprendre les obstacles que rencontrent les femmes dans leurs choix et leurs habitudes de mobilité en Île-de-France est l’un des principaux objectifs de LGI Sustainable Innovation, partenaire responsable du Hub français de TInnGO. En adaptant l’approche de la marche sensible à nos questions de recherche, nous avons développé une nouvelle version de cette célèbre méthodologie. Grâce à l’aide et au soutien de Womenability, nous avons élaboré une méthode qui nous permet d’accompagner les participants à travers les stations et de repérer les points de différentes solutions de mobilité disponibles en Île-deFrance afin de comprendre leurs choix et de connaître leurs perceptions de la sécurité et de l’insécurité face aux différentes solutions de mobilité.
Impact du Covid-19
Avant le début de la crise sanitaire, nous avions prévu de réaliser six marches différentes, deux de nuit et quatre de jour, à organiser en tenant compte des caractéristiques socioéconomiques des quartiers et des lieux géographiques (Paris vs villes du Grand Paris) afin d’aboutir à un échantillon de réponses équilibré.
Les restrictions sanitaires dues à la crise du Covid19 ont malheureusement limité nos options et nous ont obligés à reporter les marches prévues. Nous prévoyons maintenant d’organiser un minimum de 3 marches avec un maximum de 10 participants chacune (en raison des restrictions du gouvernement français sur les rassemblements) au cours du mois de septembre.
Pendant les marches, toutes les précautions seront prises pour limiter les risques de propagation du virus (distances minimales entre les participants, gel désinfectant, masques et visières).
Les participants sont recrutés par le biais de notre réseau local d’intervenants. Nous contactons les associations et organisations locales qui travaillent dans le lieu cible et leur demandons de participer avec leurs membres.
Pour plus d’infos sur la marche du 18 septembre: https://www.facebook.com/events/2804058546530328/
